Lait : les exportations américaines dévissent
La perte de marchés, le manque de compétitivité et la baisse de production pèsent sur les exportations de produits laitiers des États-Unis.
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C’est un retournement de situation. Alors que les exportations étasuniennes de produits laitiers atteignaient des records en 2022, le pays enregistre entre janvier et septembre 2023 « une baisse de ses exportations de 10 % tous produits laitiers confondus ». C’est le constat que dresse l’Institut de l’élevage dans son bulletin Tendances Lait-Viande de novembre.
Des clients internationaux moins actifs
Le secteur de la poudre maigre est particulièrement touché avec une chute des exportations de 20 % en septembre par rapport à septembre 2022, « soit le niveau le plus bas depuis août 2019 ». « La cause est multifactorielle », explique Marion Cassagnou, agroéconomiste à l’Idele.
Premier écueil, les habituels pays importateurs de produits laitiers américains manquent à l’appel. « La demande chinoise est en repli de 53 % sur neuf mois comparativement à 2022 (lire l’encadré ci-dessous), celle des Philippines de 33 %, et celle de l’Indonésie de 13 %. »
Or, les États-Unis sont les premiers fournisseurs de la Chine en lactosérum, produit utilisé pour l’alimentation des porcs. « La baisse de la demande dans le secteur porcin entraîne une baisse des achats de plusieurs gros clients asiatiques des États-Unis », abonde Jean-Marc Chaumet, directeur économie du Cniel, l’interprofession laitière.
De plus, Le Mexique qui absorbe près de la moitié des exportations étasuniennes a brusquement ralenti ses achats en septembre, « probablement car le pays a de gros stocks après une forte période d’importation en début d’année », estime Marion Cassagnou.
Une concurrence rude
Deuxième obstacle pour les États-Unis, la baisse des importations chinoises entraîne une concurrence accrue de la Nouvelle-Zélande et de l’Europe, dont les coûts de production sont plus faibles en moyenne. « La Chine diminue ses importations de poudres grasses, habituellement fournies par la Nouvelle-Zélande », observe Jean-Marc Chaumet.
« Le pays des kiwis diversifie donc ses envois avec de la poudre maigre ou des fromages, complète-t-il. Cela rentre ainsi en concurrence avec les produits américains. » De même, les fromages européens, moins chers, volent des parts de marché aux États-Unis.
Un dernier facteur semble peser dans la balance. « Logiquement, une baisse des exportations devrait entraîner des surplus de stocks, et donc une baisse des cours de la poudre maigre aux États-Unis, avance Marion Cassagnou. Or, ils se maintiennent. Cela indique une baisse des fabrications étasuniennes » (-18 % par rapport à septembre 2022).
La Californie, gros bassin d’exportation, voit en effet sa production laitière reculer. « L’État connaît des problèmes de sécheresse. Les exploitations, souvent de grande taille, ne sont pas autonomes en fourrages », décrypte l’agroéconomiste de l’Idele. De fait, une augmentation des abattages de vaches a eu lieu sur quatre mois entre juillet et septembre 2023.
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